Extraits du cahier de Vincent Grall
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Source : Archives privées |
Les premières pages du cahier de Vincent Grall : Devoir du 19 mars 1886 |
Aurions-nous fait mieux ?
La Méditerranée est belle surtout par deux caractères : son cadre si harmonique, et la vivacité, la transparence de l’air et de la lumière. C’est une mer bleue très-amère, très-salée. Elle perd par évaporation trois fois plus d’eau qu’elle n’en reçoit par les fleuves. Elle ne serait plus que le sel, et deviendrait d’une âcreté comparable à la mer Morte, si des courants inférieurs, comme celui de Gibraltar, ne la tempéraient sans cesse par les eaux de l’Océan. Tout ce que j’ai vu de ses rivages était beau, mais un peu âpre. Rien de vulgaire. La trace des feux souterrains qu’on y trouve partout, ses sombres rochers plutoniques, ne sont jamais ennuyeux, comme les longues dunes de sable ou les sédiments aqueux des falaises. Si les fameux bois d’orangers semblent un peu monotones, en revanche, aux coins abrités, la végétation africaine, les aloès et les cactus, dans les champs des haies exquises où dominent le myrte et le jasmin, enfin des landes odorantes, sauvagement parfumées, tout vous charme. Sur votre tête, il est vrai, le plus souvent de chauves et stériles montagnes vous suivent à l’horizon. Leurs longs pieds, leurs vastes racines, qui se continuent dans la mer, se distinguent jusqu’au fond des eaux. (Jules Michelet / La Mer , 1875)