17 juin 1740, Elliant, État des lieux de la maîtresse-vitre de l'église

De Milamzer
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Contexte :

Nous sommes le 17 juin 1740 dans l'église paroissiale d'Elliant :
La maîtresse-vitre de cette église a été endommagée par une récente tempête.

Les deux fabriques, responsables des biens matériels de la paroisse, ont demandé au sénéchal de Concq de venir faire les constatations indispensables avant une remise en état.
Il sont assistés du procureur fiscal de la seigneurie de Tréanna, Rolland Michel Delanoë.

Le sénéchal s'est déplacé, accompagné de son procureur du Roy, d'un greffier et d'un huissier de service.
Tous ensemble, ils vont examiner les restes du vitrail.

Le greffier enregistrera leurs remarques et leurs commentaires.
On peut imaginer que ses conditions de travail étaient rudimentaires.
Pas sûr qu'il ait toujours bien entendu ni interprété tous les propos des intervenants !

Mais à l'issue de la visite il délivrera un Procès-Verbal en bonne et due forme !
C'est ce document que vous trouverez retranscrit ci-dessous.

Une autre descente du sénéchal aura lieu dans la même église une vingtaine d'années plus tard :
Descente du sénéchal en 1757
Mais cette fois on ignorera superbement la maîtresse-vitre !

Il ne reste plus rien de ce vitrail : d'autres tempêtes sont passées par là...
À tel point que les vitraux les plus anciens de l'église ne datent "que" de la fin du XIXème siècle.

Cependant ce Procès-Verbal nous permet encore de se faire une idée de ce que la maîtresse vitre pouvait contenir.

Pour ceux qui voudraient interpréter les armoiries qui y étaient figurées :
- La seigneurie principale de la paroisse était celle de Tréanna.
Il semble bien qu'à l'origine, toute cette maîtresse vitre lui était réservée.
- Louis de Tréanna, le dernier représentant de la branche aînée d'Elliant était décédé vers 1590.
- Sa succession avait été recueillie par Jeanne de Botigneau épouse de François de Kerhoent.
Ceux-ci avaient eu deux filles :
      - Renée de Kerhoent qui avait épousé Sébastien de Rosmadec (Sébastien II).
      - Claude de Kerhoent qui avait épousé François de Kerdroadez (François IV).
      Claude, la cadette, avait hérité de Tréanna, mais elle était décédée en 1648, sans enfant.
- La seigneurie de Tréanna était alors passée à ses neveux, enfants de sa sœur Renée, sous la tutelle de Sébastien II de Rosmadec.
- Mais, dès 1656, ceux-ci s'étaient séparés de la seigneurie de Tréanna.
Maurice de Tinténiac et son épouse Anne Le Couriault s'étaient portés acquéreurs.
- Logiquement, les nouveaux propriétaires, ainsi devenus premiers prééminenciers de la paroisse, avaient pris la suite des Tréanna dans l'utilisation de cette maîtresse vitre.
Sans forcément en remplacer tous les éléments (soufflets) !

Suzanne Harquin qui est évoquée dans le Procès-Verbal est leur petite-fille, héritière et détentrice de la seigneurie de Tréanna en 1740.
Elle est l'épouse de Messire Jacques Hervé Joseph de Musuillac.
On sait qu'en 1729 ceux-ci demeuraient ordinairement en leur manoir et château de Pratulo en la paroisse de Cleden Poher, évêché de Quimper.



Source : FRAD029 B 1210, papier, 8 pages


[ Version mise en forme pour une meilleure lisibilité ]

17 juin 1740, Procès-verbal de l'état de la maîtresse-vitre de l'église paroissiale d'Elliant


Nous,
- Antoine du Laurent, écuyer, sieur de La Barre, conseiller du Roy, sénéchal et premier magistrat, et
- Corentin François Pasquet, aussi conseiller du Roy et son procureur,
tous deux au Siège royal de Concarneau,

- certifions que ce jour, dix-sept juin mil sept cent quarante, nous [nous] sommes transportés de nos demeures que nous faisons, nous sénéchal au Faubourg de Concarneau et nous procureur du Roy à Pont-Aven, paroisse de Nizon,
- ayant pour le rapport le soussigné greffier [ Jacques ? Chapau ],
- suivi pour l'exécution de nos ordres de Me Louis Charles Chacun, notre huissier de service,
- en exécution de l'arrêt de la Cour du vingt-huit mai dernier, signifié en notre greffe le quatorze,
- jusques en l'église paroissiale d'Elliant,
- pour rapporter Procès Verbal des écussons qui étaient dans ladite vitre pour être replacés dans les mêmes lieux.

Où étant dans ladite église paroissiale d'Elliant, nous y avons trouvé
- Me Rolland Michel Delanoë avocat à la Cour, procureur fiscal de la juridiction de Tréanna, demeurant à Rosporden paroisse d'Elliant, faisant et agissant pour Messire Jacques Hervé Joseph de Musuillac et Dame Suzanne Harquin son épouse, seigneurs propriétaires de la terre et seigneurie de Tréanna,
- Guillaume Le Meur demeurant à Kerancalloch et
- Michel Jaouen demeurant à Malvray,
les deux paroissiens d'Elliant et tous deux fabriques de ladite église paroissiale d'Elliant.

Lesquels fabriques nous ont déclaré
- qu'au mois de décembre mil sept cents neuf [ou trente-neuf ?] une grande partie des / vitres qui sont au pignon de ladite église côté du Levant avaient été brisées et cassées, suivant toutes apparences par les vents,
- et comme il est de leur intérêt et de toute la paroisse de conserver à chaque seigneur le rang qu'ils ont pour leurs armes dans ladite vitre, ils ont été obligés de mettre requête à la Cour pour nous faire ordonner de descendre afin de dresser le présent Procès Verbal,
- et nous ont ont? fait remarquer, comme de fait nous avons remarqué, que ledit vitrage du soufflet du côté de l'épître au haut de la maîtresse vitre est ... et cassé et que la grande vitre du côté de l'épître au bas dudit soufflet est aussi cassée et brisée
- et qu'il est bien à leur connaissance et de toute la paroisse au tant qu'ils s'en souviennent qu'il y avait des armes qui se sont trouvées tombées et qui se pourraient trouver dans les débris des vitrages qui ont été ramassés.

Consentant que les armes qui y étaient soient placées et remises dans le même endroit, n'entendant nullement disputer à qui que ce soit les privilèges et prérogatives qu'ils peuvent avoir.

Et a, ledit Le Meur, signé ; Michel Jaouen déclarant ne savoir signer, et a signé à sa requête ... [Daniel].

[signatures de :]
g: le meur
Daniel


Ledit sieur Delanoë aux qualités ci-dessus,

- pour obéir à l'arrêt de la Cour du vingt-huit mai dernier [à] lui signifié le treize de ce mois, sous les réservations des sieur et dame de Musuillac de se pourvoir contre et ce qui peut leur préjudicier,
- demande qu'en exécution dudit arrêt de la Cour l'état et Procès-Verbal des armes / et écussons des terre et seigneurie de Tréanna et en alliance avec les précédents propriétaires de ladite seigneurie de Tréanna qui sont dans tous les soufflets de ladite vitre fors de celle du Roy qui sont au soufflet supérieur & que dans le soufflet supérieur et en dessous des armes du Roy du côté de l'épître est un croissant parsemé d'hermines qui sont les armes de Tintinniac [Tinténiac], avec un lion,
- et qu'il paraît que par les vents, les armes y ont été cassées et brisées,
- requérant que les mêmes armes qui étaient de précédant soit placées et remises tout comme les armes et écussons qui sont dans les autres soufflets de la même vitre sans qu'on puisse y faire aucun changement ainsi qu'il est ordonné par ledit arrêt de la Cour.

Et a signé sous les réservations que devant.

[signature de :]
Delanoë, ad[voc]at

De tout quoi nous avons rapporté acte à valoir et servir comme il appartiendra.


Et, le requérant le sieur procureur du Roy, nous avons donné pour apuré

- que les armes de sa Majesté en alliance avec les armes de Bretagne sont au haut soufflet de la vitre en supériorité, lesquelles ne sont nullement endommagées et au même état que lorsque l'on les a placées,

- que dans la pierre en dessous des armes du Roy est une macle en dedans et en dehors, blanchie de chaux sans pouvoir connaître le fond,

- qu'au premier soufflet du côté de l'évangile en dessous des armes du Roy nous avons remarqué, comme de fait nous avons vu un croissant paraissant de gueules parsemé d'hermines / fond d'argent,

- que dans le soufflet inférieur des précédents nous avons donné pour apuré qu'il y a un écusson composé de huit billettes d'or à fond de gueules,

- au-dessous un aigle à deux têtes à fond d'argent, becqueté de gueules,

- vis à vis des billettes, trois barres de sable à fond d'argent,

- au-dessous trois barres dorres? fond de gueules,

- au dernier soufflet du même côté de l'évangile est un écusson composé d'un demi macle d? macle d'alliance de deux défenses de sanglier fond de sinople,

- dans le soufflet au midi du dernier soufflet et à côté du précédent, après avoir fait descendre le vitrage qui était en pendant du côté du semittière [cimetière] que nous avons fait approcher de l'endroit, nous avons donné pour apuré que l'écusson y étant est une demi-macle, fond d'azur, deux barres d'argent parsemé d'hermines fond de gueules,

- dans le soufflet à côté une demi-macle d'azur fond d'argent en alliance avec un demi-aigle d'argent becqueté de gueules,

- au soufflet du même rang et du côté de l'épître pareil écusson que le dernier,

- dans l'écusson au-dessus du dernier il y a la même armoirie ; et,

- dans le soufflet au dessous des armes du Roy et de la macle en pierre, masquant toutes les autres armoiries que celle du Roy, avons donné pour apuré qu'il y a une macle en plain d'azur et fond d'argent.

Et avons donné pour apuré que la vitre du côté de l'épître et à côté des armes du Roy est cassée et brisée, sans pouvoir néanmoins donner aucun apurement des armes et écussons qui y étaient.

Et en l'endroit [alors], lesdits Le Meur et Jaouen, fabriques, nous ont représenté [montré] la moitié d'un écusson [qui] d'un d'un côté paraît être chargé d'un croissant de gueules fond d'argent chargé d'hermines, de l'autre paraît / un lion de gueules rampant fond d'argent.
. Lequel écusson ils nous ont déclaré être avant les débris, du proche soufflet du côté de l'épître des armes du Roy.
Et consentent qu'ils y soient replacés ainsi qu'auparavant.

Et toutes perquisitions faites, tant des vitres restées en place que de celles tombées, nous n'en avons trouvé d'autres que celles ci-devant mentionnées et avons donné pour apuré que la vitre en entier du côté de l'épître est entièrement brisée.

En conséquence avons ordonné que l'arrêt de la Cour ci-devant daté sera exécuté suivant sa forme et teneur et avons rapporté le présent [procès verbal] sur les lieux, à valoir & servir comme il appartiendra sous nos signes, ceux desdits Le Meur et, ledit Jaouen déclarant ne savoir signer, a [signé à] sa requête Me Jacques Daniel ; et aussi sous le signe du dit sieur Delanoë.

[signatures de :]
g: le meur
Delanoë
Daniel
Pasquet, procureur du Roy
Du Laurent, sénéchal R[eçu] douze livres
Chacun, huissier
J? Chapau, greffier.

[D'une autre écriture :]

Jay reçu trois Livres douze sols pour trois sols pour Livres des vacations des juges. A Concarneau le 21e février 1743 (1743 ! sic)

[signature de :]
Le Duc


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